De quoi sera-t-il question ?
De la possibilité ou de l’impossibilité du couple ?
Cette nouvelle création de l’Amphithéâtre et de Théâtre et Compagnie nous propose avec un intérêt certain et jubilatoire de passer le Couple à la moulinette. Et ce ne sera pas triste…même si le sujet, au fond est grave, puisqu’il s’agit bel et bien de vivre ensemble. Mais comment vivre ensemble ?
Cette question lancinante revient dans toutes les créations de la compagnie. Que ce soit à propos des ciments traditionnels de la société comme la religion (Tartuffe), l’idéologie sportive (Vestiaires) ou des déviances qui permettent d’y échapper, l’imposture (Don Juan) ou la folie (Cas David K). Dans chacune de ces créations, nous avons retrouvé des rapports de couple plus ou moins réussis. Des figures de femmes (Marianne, Angélique, Elmire, Elvire…), ou d’hommes (Octave, Dom Juan, Dandin, Orgon…) très fortes et emblématiques. Et c’est donc assez naturellement que l’une des étapes de la compagnie soit aujourd’hui de pousser la question du vivre ensemble jusque dans cette cellule de base de la société. Comment vivre ensemble, homme et femme ? Quels couples se forment réellement, sur quelles bases, quelles illusions ou tromperies….
Les textes sur ce sujet sont innombrables, nous ferons donc appel aux mannes éclairées de plusieurs auteurs, parmi lesquels, Kleist, Müller, Claudel, Feydeau, Courteline, Albee… seront les plus saillants.
Enchaînement complice et ironique, parfois grinçant, de morceaux choisis de vie de couples. De ces moments charnières où Homme et Femme sont en train de naître à l’idée de l’autre (souvent inconsciemment), en train de l’expérimenter, de la construire, de l’achever et d’y renoncer.
C’est l’accumulation de ces archétypes qui devrait conduire le spectateur à s’interroger sur l’idée même du couple. A s’interroger sur la capacité ou l’incapacité de chacun et de chacune à concevoir l’autre sexe dans sa différence : la relation Femme–Homme, forme aiguë de l’altérité, est-elle systématiquement vouée à l’échec ? Touche-t-on à la limite de l’empathie humaine ?
Les relations de couple sont-elles le produit d’un altruisme fondamental ou le simple fondement de la survie de l’espèce, ou encore, le fruit de rencontre ratées, de malentendus, d’incompréhension, d’intérêts mal compris et mal accordés ? C’est quoi cette moitié d’orange qui nous manque ? Avant la très institutionnelle et très juteuse St Valentin on ne pouvait pas ne pas se fendre la pêche à ce sujet.