D'après Alexandre Dumas, adaptation mise en scène de Michel Belletante.
Dans la lignée du Georges Dandin de Molière, de La Locandiera de Goldoni, du Barbier de Séville de Beaumarchais et d'Iphigénie de Racine, nous poursuivons notre exploration des grandes figures du répertoire et souhaitons revisiter un monument de la culture populaire : Les trois mousquetaires. Il ne s'agit plus de théâtre classique, mais de théâtre romantique dont Alexandre Dumas est certainement l'un des principaux créateurs. Avec d'Artagnan, il a même réussi à inventer un nouveau héros positif, noble et héroique, fine lame et chevaleresque qui reste humain dans ses faiblesses: sa frénésie, comme la vanité de Porthos, l'ambivalence d'Aramis, la mélancolie et l'alcoolisme d'Athos, empêchent les mousquetaires d'être des héros parfaits, mais scellent leur immortelle popularité en l'inscrivant définitivement dans l'histoire de France.
Dans cette tradition, nous voulons offrir aux spectateurs un spectacle tout public et joyeux, critique et décalé, un peu iconoclaste aussi (peut être que le vrai héros de cette histoire est une héroine? Qui Sait...) mais surtout un vrai spectacle festif et populaire: une comédie musicale de cape et d'épées en quelque sorte...
Un pour tous et tous pour un ! Telle est bien la devise immortelle des jeunes Mousquetaires (qui se transformera pourtant, plus tard en "un pour chacun et tous pour soi" dans La vieillesse des Mousquetaires). Quoi de plus solidaire apparemment : le mythe de l’amitié entre les hommes qui, sous le double sceau de la loyauté et du courage, deviennent invincibles. La fraternité virile sacrée…
Alors comment cette devise initiale si chaleureuse et positive peut elle être la source de tant de violences et de tant de morts ?
Comment le "désir mimétique" à l’oeuvre en chacun (et chacune) des protagonistes principaux peut il pervertir à ce point cet élan généreux et devenir en fait le seul moteur de leurs actions ?
N’est ce pas ce d'ailleurs qui guette toutes les jeunesses et tous les idéaux ?
Vouloir ce qu’ont les autres… à tout prix, et ne désirer en fait que cela : l’argent, les ferrets, le pouvoir, la gloire, la femme…
Le vouloir tellement qu’on peut tuer pour y parvenir !
Alors regardons mieux personnages de cette histoire, à la lumière de ce parti pris :
D’Artagnan qui ne rêve que de se fondre dans le corps des Mousquetaires… et dans celui des femmes ; Milady qui étouffe tellement de ne pas être née ”grande dame“ et qui s’invente plusieurs personnalités successives, mais qui peut-être, en fait, rêve surtout d’être l’égale des hommes de son temps…
Athos qui ne désire plus rien ni personne, dit-il, mais qui, ivre de vengeance, mettra lui- même à mort son épouse qui lui a échappé ; Aramis qui oscille sans arrêts entre la religion et les femmes, entre la domination et la soumission ; Porthos qui se perd compulsivement dans le boire et le manger du monde pour fuir son désir profond de mort ; Richelieu qui désire Anne d’Autriche justement parce qu’elle est inaccessible aux yeux du monde, et qui, par pure jalousie, commandite un meurtre, entreprend le siège de La Rochelle et provoque une guerre pour détruire son rival…
Tout ça l’épée à la main, la trahison et la mort pour tous …
Voila quelques pistes que nous nous proposons de suivre dans la ligne artistique de la compagnie, c'est-à-dire en privilégiant le rythme, l’énergie, la fantaisie, les acteurs, la musicalité du spectacle… Et bien sûr, dans ce cas, les capes et les épées…
Si tu ne viens pas aux mousquetaires, les mousquetaires viendront à toi!